Déclaration de Konfederazioa: Euskarari trufarik ez!
Après la mascarade de ces deux dernières années, les partenaires membres de l’Office Public de la Langue Basque a décidé de reconduire la convention constitutive de l’Office, à l’occasion de l’assemblée générale de ce jeudi 11 décembre. Concernant le financement, ils ont acté une contribution supplémentaire de 100.000 euros chacun, loin des objectifs que l’OPLB lui-même avait fixés en 2023. Euskal Konfederazioa l’affirme sans ambages : cela est totalement insuffisant au regard des besoins de la langue basque.
Les élu.es ont argué qu’il fallait éviter l’éclatement de l’OPLB, estimant que cela serait préjudiciable pour le mouvement associatif œuvrant en faveur de l’euskara, alors même qu’à l’heure actuelle c’est le manque de volonté politique qui nuit à la réappropriation de la langue basque au Pays Basque nord. Seule la Communauté d’Agglomération Pays Basque a fait preuve de volontarisme en proposant une augmentation significative. Les élu.es des autres institutions ont une fois de plus montré qu’au-delà des belles paroles iels n’ont pas la moindre intention de revitaliser l’euskara.
Cela fait des années qu’Euskal Konfederazioa demande de planifier la politique linguistique en fixant, par le biais d’une feuille de route, des objectifs chiffrés et mesurables. Cette demande avait enfin été entendue en juin 2024 avec le travail de prospectives et la feuille de route rendu publics par l’OPLB et visant à atteindre une pourcentage de locuteur.rices de 30% en 2050, montrant ainsi que le déclin de l’euskara n’était pas une fatalité.
Ce même objectif a été validé par l’assemblée générale d’hier, mais sans s’accorder sur le volet financier permettant de l’atteindre. Au sortir de la réunion, la présidente de l’OPLB Maider Behotegi elle-même annonçait qu’à ce jour cet objectif n’était pas tenable : quelle mascarade !
Pendant des décennies, l’État français et les différentes institutions ont mené des politiques allant à l’encontre de l’euskara, avec l’objectif clair de la faire disparaître. Quand l’OPLB a été créé, au Pays Basque nord un habitant sur quatre était bascophone. Vingt années plus tard, ce chiffre est de un sur cinq. Tous les partenaires institutionnels membres de l’OPLB sont, paraît-il, en faveur de l’euskara, font tout leur possible, mais dans le même temps l’euskara poursuit sa chute.
A l’occasion de la Journée internationale de l’euskara, le Préfet s’est adressé aux maires du Pays Basque nord par courrier louant tout le travail fait par l’État en faveur de l’euskara. Pourtant, l’État français a une lourde responsabilité historique dans le déclin de notre langue. Il est indispensable que ce préjudice soit politiquement réparé.
Pour cela :
- Il est indispensable que l’euskara bénéficie du même statut légal que le français sur le territoire du Pays Basque nord, afin que les bascophones puissent jouir des même droits linguistiques que les locuteurs francophones dans la sphère publique.
- Il faut assurer la présence de l’euskara dans l’Administration, l’Enseignement et l’espace public.
- Il faut mettre en place un politique linguistique efficiente ayant pour but la pleine revitalisation de l’euskara et qui soit dotée de moyens financiers adaptés.
Comme ils l’ont fait jusqu’à présent, les acteurs du mouvement associatif continueront leur action au quotidien, secteur par secteur, avec l’objectif de rebasquiser le Pays Basque nord. Nous sommes conscients que la sortie de la situation critique de l’euskara nécessite l’implication de tous les acteurs et citoyen.nes ayant un rôle dans ce processus de revitalisation. Tous les euskaltzale avons rendez-vous le 27 décembre prochain à Bilbo, à l’occasion de l’événement Pizkundea organisé par Kontseilua, pour clamer une nouvelle fois notre attachement à notre langue et réclamer des politiques linguistiques publiques qui permettront sa sauvegarde et sa pleine revitalisation.
Baiona, le 12 décembre 2025
